Aujourd’hui, c’est la Journée Internationale des Droits de la Femme. On va entendre parler de progrès, d’égalité, de combats menés et de victoires obtenues. Mais soyons honnêtes : toutes les femmes ne sont pas sur un pied d’égalité dans cette société.
Certaines ont des droits que d’autres n’ont pas encore complètement. Certaines avancent plus vite, d’autres doivent se battre deux fois plus pour être reconnues, respectées, et parfois même juste pour être considérées comme des femmes à part entière.
C’est de ça que je veux parler aujourd’hui. De la hiérarchie silencieuse entre femmes, qui place certaines tout en haut et d’autres tout en bas. De la manière dont la couleur de peau, les traits du visage, les cheveux et l’origine influencent ce que vaut une femme aux yeux de la société.

Toutes les Femmes ne Partent Pas du Même Point de Départ
On parle souvent du combat des femmes pour gagner en liberté, en reconnaissance, en autonomie. Mais ce qu’on dit moins, c’est que le combat n’est pas le même pour toutes.
Certaines femmes ont plus de facilités à être écoutées, respectées et valorisées. Elles ressemblent aux standards de beauté dominants, elles sont perçues comme féminines et respectables, elles bénéficient d’une image positive qui leur ouvre des portes.
D’autres doivent prouver en permanence qu’elles sont compétentes, féminines, à leur place. Parce que leur peau est plus foncée. Parce que leurs traits sont jugés “moins doux”, “moins raffinés”. Parce que leurs cheveux sont “trop volumineux”, “trop rebelles”, “pas adaptés au monde professionnel”.
On peut parler de sexisme, mais il faut aussi parler de racisme, de colorisme, de standards de beauté biaisés, et du fait que certaines femmes sont considérées comme moins féminines que d’autres, simplement à cause de leur apparence.
La Beauté : Un Privilège Qui Conditionne Tout
La société valorise une seule forme de féminité. Une féminité lisse, délicate, avec des cheveux souples, une peau claire ou “pas trop foncée”, des traits qui correspondent aux canons occidentaux.
Les autres féminités sont marginalisées, invisibilisées, parfois même ridiculisées.
Ce que ça veut dire concrètement :
Les femmes qui ressemblent aux standards dominants sont perçues comme belles et désirables par défaut. Elles n’ont pas besoin de justifier leur féminité.
Les femmes noires, en particulier celles à la peau foncée et aux cheveux crépus, doivent se battre pour être vues comme belles et pas juste “fortes”, “exotiques” ou “hors normes”.
Elles doivent souvent adapter leur apparence pour être prises au sérieux : lisser leurs cheveux, éclaircir leur peau, adoucir leur image pour ne pas être jugées comme “trop brutes”, “trop agressives” ou “pas assez féminines”.
Exemples : Les cheveux crépus, les cheveux bouclés volumineux
Combien de fois une femme noire a-t-elle entendu qu’elle devait “faire quelque chose” avec ses cheveux pour être plus “présentable” ? Combien ont caché leurs cheveux naturels pour décrocher un emploi, un contrat, ou simplement pour éviter les remarques ?
Le simple fait de porter ses cheveux naturels est encore un acte politique, alors que ça devrait être juste… normal.
Travail et Opportunités : La Double Peine
Dans le monde du travail, cette hiérarchie entre femmes est encore plus flagrante.
Les chiffres le prouvent :
Les femmes, en général, sont moins bien payées que les hommes.
Mais parmi elles, les femmes noires et métissées sont celles qui gagnent le moins et qui accèdent le moins aux postes de pouvoir.
Pourquoi ?
Parce qu’une femme noire doit souvent prouver plus que les autres qu’elle est compétente.
Parce que les préjugés la rendent moins “crédible” aux yeux de certains recruteurs.
Parce que dans l’imaginaire collectif, une femme noire est plus souvent vue comme une exécutante que comme une leader.
Et pourtant…
Elles sont nombreuses à être diplômées, qualifiées, prêtes à briser ces barrières.
Elles créent leurs propres entreprises, leurs propres opportunités, refusant de se laisser enfermer dans des cases.
Mais tant que les mentalités ne changent pas, elles continueront à se heurter à des plafonds de verre invisibles.
Féminisme : Un Combat Qui Doit Inclure Toutes les Femmes
On ne peut pas parler des droits des femmes sans parler des femmes noires et métissées.
Un féminisme qui ne prend pas en compte les réalités des femmes racisées est un féminisme incomplet.
On ne peut pas se battre pour l’égalité en ignorant celles qui sont les plus discriminées.
Ce qu’il faut :
Un féminisme inclusif, qui considère les différences d’expérience entre les femmes et ne parle pas seulement au nom de celles qui sont déjà les plus favorisées.
Une remise en question des standards de beauté et des représentations médiatiques, pour que toutes les femmes puissent se sentir valorisées.
Un vrai travail sur la diversité dans le monde du travail, pour que la couleur de peau et la texture des cheveux ne soient plus un frein aux opportunités.
Alors, Que Faire ?
Cette hiérarchie entre femmes ne va pas disparaître toute seule. Il faut l’identifier, en parler, créer un nouveau, ou plusieurs standards de beauté, recréer de nouvelles croyances pour effacer les croyances actuelles…
Encourager une représentation plus large de la beauté et de la féminité.
Briser les tabous sur le racisme et le colorisme au sein des luttes féministes.
Donner plus de place aux voix des femmes noires et métissées dans les débats sur les droits des femmes.
Le 8 mars, ce n’est pas juste une journée pour célébrer les femmes. C’est un rappel qu’il y a encore du chemin à faire, surtout pour celles qui sont mises au second plan.
Un Combat Pour Toutes, Mais Pas de la Même Manière
Toutes les femmes méritent l’égalité.
Mais toutes ne partent pas du même point de départ.
En 2024, il est temps d’élargir la conversation et d’admettre que le combat pour les droits des femmes ne peut pas être mené sans inclure celles qui subissent une double oppression.
Aujourd’hui, demandons-nous : sommes-nous prêtes à faire en sorte que chaque femme ait réellement les mêmes chances et les mêmes droits ?
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